L’invention de nos vies

  • Titre : L’invention de nos vies
  • Auteur : Karine Tuil
  • Année : 2013
  • Editeur : Grasset
  • Résumé : Sam Tahar est un éminent avocat au barreau de New-York et sa vie est une réussite totale. Reconnu par ses pairs, marié avec la fille d’une des plus grandes fortunes américaines, père de deux adorables enfants, le jeune homme cache néanmoins un lourd secret. Sa réussite, il la doit à un mensonge, à l’usurpation d’une identité qui n’est pas la sienne et quand son passé ressurgit par l’intermédiaire d’un frère qu’il a renié, le château de carte s’effondre.
  • Mon humble avis : J’aime beaucoup Karine Tuil, et une chose est sûre, je ne suis pas le seul. Récemment primée, admirée, reconnue par ses pairs, l’écrivaine parisienne est en pleine lumière grâce à son nouveau roman : Les choses humaines dont je vous parlais le mois dernier – appuyez sur lien si le sujet vous intéresse et si j’ai enfin réussi cette périlleuse manip… – En refermant la dernière page de ce bouquin, je m’étais promis de relire rapidement à cet auteur et j’achetais dans la foulée deux de ses romans, Tout sur mon frère, datant de 2003 et l’invention de nos vies dont je vais vous parler aujourd’hui. Passons rapidement sur le premier titre qui n’aura eu qu’un mérite à mes yeux, celui de donner espoir aux écrivains en herbe et de constater à quel point Tuil s’est améliorée avec le temps, et concentrons nous sur l’invention de nos vies, un roman dans la veine de l’insouciance qui reste pour moi, le meilleur ouvrage de Karine Tuil.  Au moment de la sortie, on a beaucoup comparé l’écrivaine à l’illustre Philip Roth, j’ai trouvé pour ma part qu’il y avait également de grandes affinités avec Tom Wolfe, dans sa façon de radiographer des pans entiers de la société moderne. Roth, Wolfe, sacrés parrains pour Karine Tuil vous en conviendrez. L’invention de nos vies est encore une fois un excellent roman, un roman haletant sur la chute d’un homme, un roman sur le déterminisme social, la complexité du monde, une quête identitaire. Sam est musulman et pour trouver un emploi dans un grand cabinet d’avocat parisien, se fait passer pour un juif séfarade. Toute sa vie sera déterminée par ce mensonge, sa position sociale, sa réussite et même son mariage. Lorsque le mensonge vient à être éventé, c’est tout l’édifice qui s’écroule et Sam doit faire face à l’envers du décor : le racisme, la violence, la suspicion et l’indifférence. Dans ce roman, comme a son habitude, Tuil balaie large et la société française et ses nombreux maux sont passés au crible. C’est ambitieux, vraiment très brillant et chaque personnage apporte sa pièce à l’édifice pour creuser, une fois de plus, le sillon des obsessions de l’auteure. Si l’enquête pour terrorisme, plutôt simpliste, et les notes de bas de page rapidement irritantes, n’apportent rien au récit, force est de constater que la voix de Tuil porte et pour la pertinence de son propos, l’ambition de son roman, je ne peux que recommander la découverte – si ce n’est déjà fait – des textes de cette excellente auteure.
  • J’achète ? : Oui, bien sûr et si tu n’as jamais lu Tuil ce roman est un bon marche-pied pour la découvrir. Moins abouti que l’Insouciance plus ample que Les choses humaines, L’invention de nos vies est un roman qui interroge notre époque, un roman fort sur la chute vertigineuse d’un homme.

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