Tu seras un homme, mon fils

Titre : Tu seras un homme, mon fils

Auteur : Pierre Assouline

Editeur : Gallimard

Année : 2020

Résumé : À la veille de la première guerre mondiale, Rudyard Kipling est un romancier et un poète adulé. Considéré comme l’auteur phare de l’empire britannique, détenteur du prix Nobel de littérature, le grand homme est également très engagé politiquement, furieusement germanophobe, réputé antisémite et ouvertement colonialiste. C’est à l’occasion d’un séjour dans le sud de la France que Louis Lambert aura l’occasion de rencontrer son idole littéraire. Le jeune professeur de lettres, obsédé par If… , le fameux poème du maître, tente d’obtenir l’autorisation de traduire ce texte, une amitié inattendue va alors naître entre les deux hommes.

Mon humble avis : Ceux qui suivent ce blog régulièrement ont peut-être souvenir d’une publication différente, il y a quelques mois sur francksbooks. Un poème, et non des moindres : Tu seras un homme, mon fils… l’oeuvre intemporelle de Rudyard Kipling. Peu féru de poésie, ce texte est pourtant l’un des seuls que j’ai du plaisir à relire, sans doute l’unique oeuvre en vers pour qui j’ai une véritable admiration. De l’illustre auteur né aux Indes britanniques, je n’avais lu que l’homme qui voulut être roi, une longue nouvelle magnifiquement portée à l’écran par John Huston. J’avais également vaguement entendu parler du caractère de cet auteur, de son admiration pour l’empire, de son antisémitisme notoire, de ses colères, mais jamais de son fils John, qui est au centre du roman de Pierre Assouline et le grand drame de la vie de Rudyard Kipling. John Kipling fut un personnage falot, un garçon qui sans les relations du père, n’aurait même pas pu s’engager dans la guerre, un garçon sympathique à mille lieux du volcan que fut le grand écrivain. John partit donc à la guerre grâce à l’entremise de son père, ce va-en-guerre convaincu. Il y trouva la mort dans les tranchées, et ce fut à ce moment précis, au moment ou une balle traversa le visage de son fils, que le destin du grand homme bascula. Pendant les années qu’il lui resta, Kipling erra de cimetières en cimetières, d’hommages en hommages. Perclus de douleurs abdominale, obsédé par la recherche du corps de John, l’auteur britannique porta la responsabilité du décès de son fils jusqu’à son dernier souffle. Roman de la filiation, de la responsabilité d’un père dans le destin de son fils, roman délicieusement suranné, Tu seras un homme, mon fils m’a procuré un immense plaisir de lecture. Avec élégance, un peu de distance, Assouline nous parle du grand homme, de ses folies, de ses obsessions. C’est passionnant, évidemment très bien écrit, mais c’est surtout très beau et émouvant comme lors de ce passage où Louis apprend à Kipling le prénom donné à son propre enfant : John. Un hommage, une continuité, à l’image de ce très beau roman qu’est Tu seras un homme, mon fils.

J’achète ? : Oui bien sûr. Évidemment ce n’est pas un polar, un thriller trépidant comme ces bouquins dont je vous parle souvent, mais quel plaisir de lecture. Quel plaisir d’accompagner ces deux hommes lors de leur promenade, quel plaisir de découvrir l’homme complexe que fut Rudyard Kipling, quel plaisir de replonger dans cette période trouble, quel plaisir de lire ce texte érudit sans jamais être ennuyeux.

10 commentaires

  1. Est-ce parce que je n’imagine pas l’auteur de  » L’homme qui voulut être roi », du « Livre de la jungle » comme un être aussi peu ouvert aux autres, aussi fat et imbu de lui-même que je n’ai pas aimé ce roman ?
    Je découvre votre blog, je n’ai pas réussi à trouver Laurent Binet pour lire votre critique de « HHhH »
    Vous n’avez pas un petit coin « cinéma »?

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