Apeirogon

Titre : Apeirogon

Auteur : Colum McCann

Editeur : Belfond

Année : 2020

Résumé : Abir Aramin et Smadar Elhanan étaient deux petites filles, l’une israélienne, l’autre palestinienne. Les deux gamines sont mortes, l’une d’une balle dans la tête et la seconde lors d’un attentat à la bombe au coeur de Jerusalem. Victimes d’un conflit sans fin, victimes de la folie des hommes, leur disparition poussera leurs pères à créer l’association Combattants for peace afin de tenter de prôner l’apaisement dans les deux camps.

Mon humble avis : McCann est un auteur passionnant. Depuis Zoli, en passant par et que le vaste monde poursuive sa course folle ou encore danseur et lettre à un jeune auteur, cet auteur trace son sillon, sa singularité, son ambition, avec des textes particuliers, des thèmes à chaque fois renouvelés et une petite musique unique qui font de lui un auteur à part, un homme qui semble en recherche constante. Apeirogon ne déroge pas à cette règle, ce mot qui peut paraître barbare, correspond à une forme géométrique au nombres infinis de côtés. L’auteur tente, par une succession de chapitres, 1001 exactement, et ce n’est certainement pas un hasard, de balayer la multitude de facettes des conséquences de la mort de ces deux fillettes. Par cette construction originale, l’auteur irlandais balaie large et prend finalement le risque de perdre le lecteur. Colum McCann digresse, au moins dans les cent premières pages, avant de se recentrer sur les deux protagonistes principaux et j’avoue que cette construction m’a empêché de rentrer pleinement dans ce roman, mais c’est un moindre mal, et vous allez comprendre pourquoi. Évidemment, le thème abordé est infiniment délicat, casse-gueule, McCann réussit pourtant le tour de force de ne laisser personne sur le bord de la route. Palestiniens et Israéliens sont traités avec la même attention, le même sens du détail, car finalement, la souffrance est la même. Passé l’écueil de la première partie, tout son génie, son érudition, prennent le relais et la lecture devient passionnante. Texte d’espoir, de paix, de réconciliation, Apeirogon est à l’image du conflit qu’il relate : complexe, cruel et parfois inextricable. Pourtant, et c’est l’une des forces de ce roman, les deux personnages principaux, Rami et Bassam, ne baissent jamais les bras, ils portent l’espoir en bandoulière malgré l’horreur de leurs histoires personnelles. C’est fort, exigeant, d’une ambition infinie, universel, bref, c’est un grand roman.

J’achète ? : Apeirogon est un formidable message d’espoir, ce qui est plutôt rare et salutaire par les temps qui courent. Étourdissant, parfois déconcertant, c’est un texte rare, de ceux qui ont la prétention de changer le monde. Pour cette folle ambition, pour l’érudition, pour l’expérience et pour l’humanité qui s’en dégage, je ne peux que m’incliner devant le talent de Colum McCann.

16 commentaires

  1. Non seulement McCann est un grand écrivain, mais il est aussi un homme engagé et ancré dans le monde, loin d’une tour d’ivoire dans laquelle sa popularité aurait pu l’enfermer.
    J’aime beaucoup cet auteur, mais il est quand même difficile d’accès, pour être franche (#irishauthors#dubliners)!
    PS: Bonne année, quoiqu’il arrive 😀
    Bises

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  2. Bonjour !

    Personnellement, j’ai lu « Transatlantic » il y a quelques années et je l’avais beaucoup aimé. C’est le seul roman de Colum Mac Cann que j’ai lu, mais votre article me donne envie de découvrir les autres, merci !

    Merci de façon plus générale pour vos billets, toujours très instructifs et inspirants.

    Belle journée depuis la Bretagne 😊

    Eléonore

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      1. Oui ici nous avons un peu l’impression d’être passés de l’autre côté du miroir, et que l’andouille qui écrit le scénario a bien envie de rempiler pour une saison supplémentaire. Argh.
        Ça soulage, de vous savoir épargnés !
        Bises à toi aussi !

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