L’ordre du jour

  • Titre : L’ordre du jour
  • Auteur : Eric Vuillard
  • Année : 2017
  • Editeur : Acte Sud
  • Résumé : Les pontes de l’industrie allemande sont réunis dans le bureau d’Adolf Hitler. Après un bref exposé des projets économiques du régime nazi, les magnats sont financièrement sollicités afin de participer à la prise de pouvoir du dictateur. Quelques années plus tard le chancelier autrichien Schuschnigg subit la pression d’Hitler et se couche devant ses nombreuses exigences : les troupes du IIIe reich pénètre en Autriche, c’est l’Anschluss. Entre intérêts convergents, soumission et compromission l’Europe plie bientôt devant le führer.
  •  Mon humble avis :Tristesse de la terre : Une histoire de Buffalo Bill Cody est l’ouvrage qui me fit découvrir Eric Vuillard. En 2014 je fis l’acquisition de ce récit me permettant de découvrir un auteur intéressant, au style aérien et élégant. Si, à dire vrai, je ne garde pas de cette lecture un souvenir impérissable je pris du plaisir à cette lecture et gardais en mémoire le nom de cet auteur talentueux. Quelques temps plus tard j’appris que le prix Goncourt 2017 était attribué à cet auteur et sans avoir lu cet ordre du jour je me satisfaisais à l’avance de me plonger à nouveau dans un texte de l’écrivain lyonnais. Ceux qui sont des habitués des petites chroniques de francksbooks savent que le cru 2016 du Goncourt (une chanson douce de Lëila Slimani) ne m’avait pas particulièrement emballé, je comptais bien me rattraper cette année avec ce roman ô combien prometteur. Tout d’abord j’insisterais sur la brièveté de ce texte, à peine plus qu’une longue nouvelle où je retrouvais avec plaisir le style élégant de Vuillard, son acuité particulière et sa verve parfois lyrique. Pour le reste ? Je suis désolé de de voir l’avouer mais rien de bien nouveau dans les bureaux de la chancellerie du IIIe reich : Hitler était un monstre persuasif et violent on le savait, les dirigeants de l’époque ont plié par manque de courage et de vision on le savait, les industriels allemands ont été complices de l’horreur on le savait, les multinationales allemandes aujourd’hui omnipotentes comme Krupp, Siemens ou Hugo Boss ont allègrement participé à l’avènement du petit caporal on le savait aussi. Dans ce court récit l’auteur nous propose une série de scènes inégales où la veulerie se dispute à la cupidité. C’est horrible, édifiant, terriblement désespérant pour qui croit encore à la bonté de l’humain mais d’autres ont déjà narré cette période et le regard de Vuillard n’apporte pas grand chose de nouveau ou d’original à cet avènement. Loin d’être un spécialiste de cette période j’ai le souvenir d’avoir lu plusieurs ouvrages et autres biographies sur la montée du nazisme et l’Anschluss, des textes surement moins brillants mais beaucoup plus complets et exhaustifs. D’aucuns souligneront l’intelligence et la maestria de l’auteur pour résumer le tout en moins de 150 pages, je n’y ai vu pour ma part qu’un exercice de style particulièrement brillant et jamais ennuyeux. C’est déjà beaucoup mais est-ce suffisant pour glaner la plus belle récompense de la littérature française ? Pas si sûr…
  • J’achète ? : Certains attendent la saison des prix avec impatience et le Goncourt permet un succès commercial assuré. Tant mieux pour le monde de l’édition français mais j’avoue, pour ma part, un certain scepticisme quant aux choix récents des pensionnaires de l’illustre académie.

28 commentaires

  1. Merci pour cette chronique Franck. En ce qui me concerne, je n’ai pas réussi à le lire jusqu’au bout. Et comme la notion de plaisir n’y était pas, j’ai donc directement passé à autre chose :-). En ce qui concerne le Goncourt, je rebondis sur ce que disait JP Vialle: celui des lycéens est presque plus fiable (je pense à Gaudé il y a quelques années).

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  2. Je ne l’ai pas lu! Oui, le Goncourt des lycéens avec l’art de perdre a été une juste récompense ! Mais je viens de finir la disparition de Josef Mengele et là, je ne sais plus quel est mon préféré ! Mais pourquoi toujours classé ? Les deux apportent une ouverture au monde en nous embarquant dans la fiction.
    Bon en tout cas, pas sûre que je lise celui-ci ! Merci pour vos impressions !

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  3. Bon, tout le monde encense ce livre, à tempérer alors ! Il m’avait l’air très intelligent, très cultivé quand je l’ai vu lors d’une rencontre pendant un évènement littéraire, alors je pensais que son livre était du même acabit, qu’il apportait réellement quelque chose ! Un peu déçue que ce ne soit pas le cas…

    Je reviens sur le sujet du prix Goncourt des lycéens. Si je n’y connais vraisemblablement rien, je peux affirmer que j’avais bien apprécié le Goncourt, Chanson douce, mais sans pour autant crier au chef-d’oeuvre (ni même au très grand livre, il manquait une fin correcte pour ça), alors que Petit Pays de Gaël Faye, qui a « seulement » remporté celui des lycéens, a été un immense coup de coeur. Je n’ai pas encore lu L’art de perdre, je l’ai dans ma PAL, j’espère en avoir une très bonne opinion ! 🙂

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  4. « L’art de perdre » est un très bon livre et n’a eu pas besoin du Goncourt en 2017 pour être massivement acheté dès sa sortie… De plus Flammarion appartient au même groupe que Gallimard et Gallimard avait déjà eu sa part de gâteau en 2016. (La part de gâteau ne revient pas aux mêmes actionnaires chaque année…) Ce Goncourt attribué à la maison Acte Sud a été décerné précisément parce que Nyssen est rentrée dans le gouvernement, je pense. (Depuis le mandat de l’édition lui a été retiré…) Peut-être que cet auteur l’aurait mérité une autre année, mais pour ma part, je regarde, je souris, et j’achète ce qui me plaît chez les libraires et ce qui me plaît moins chez les bouquinistes. (« L’ordre du jour » ne vaut plus grand chose chez les bouquinistes. Il a perdu 75% de sa valeur, mais « L’art de perdre » n’a perdu que 40% de sa valeur. Preuve qu’il vit encore, circule d’une main à l’autre ou reste dans les bibliothèques la tête haute, avec le plus beau prix : Le prix Longévité !)

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